Explication détaillée de la théorie sur la facilitation segmentaire (The facilitated spinal segment) du Professeur Irvin Korr

Cette théorie est séduisante et expliquerait en partie les résultats obtenus par les ostéopathes. Elle est le résultat de longues années d’études effectuées sur des bases scientifiques par le Professeur Irvin Korr et son équipe. Elle nous éclaire sur l’action de la thérapie manuelle.

« Quand toutes les parties du corps humain sont en ordre, nous avons la santé. Quand elles ne le sont pas, c’est la maladie. Le fait de les réajuster fait disparaître la maladie » (Still 1910)

Le traitement structurel en ostéopathie

Toute anomalie fonctionnelle correspond à un dysfonctionnement structurel. Il recherche donc quelles structures sont perturbées. Selon le niveau d’intervention, on distingue ainsi une ostéopathie « structurelle » qui intervient principalement sur le système locomoteur.

L’ostéopathie structurelle d’aujourd’hui est la continuation de l’ostéopathie originelle pratiquée par le docteur Still.

Elle s’attache à traiter manuellement certains états aigus chroniques ou subnormaux du système neuro musculo squelettique. Nous entendons par états sub-normaux, les états situés entre les limites du normal et les limites du pathologique.

Nous l’avons vu, le système neuro-musculo-squelettique est pour le docteur Irvin Korr: « the primary machinery of life ». Tous les autres systèmes sont à son service.

Les besoins de ce système sont variables suivant les instants. Par exemple, un moment nous sommes assis puis brusquement nous nous levons et nous courons pour prendre un bus. Notre métabolisme s’accélère, le coeur, les poumons, les muscles et les glandes augmentent leur activité. Toutes ces modifications sont contrôlées à chaque instant par le système neurovégétatif dont les centres se situent dans la moelle épinière, le tronc cérébral et le cerveau. A différents segments de moelle, les fibres de ce système sortent par les trous de conjugaison de la colonne vertébrale avant de se distribuer aux différents organes. Sur leur chemin, elles côtoient donc les différentes structures de l’articulation intervertébrale (méninges, disque, capsules, ligaments, apophyses articulaires, articulations costo-vertébrales).

D’après le Professeur Irvin Korr, une lésion d’une de ces structures en relation avec des fibres nerveuses, peut causer une réaction réflexe locale ou à distance entraînant non seulement une gêne ou une douleur, mais aussi des changements dans l’activité du système neurovégétatif et par là même des modifications dans les organes qu’il innerve. Ce phénomène touche non seulement les fibres du système nerveux neurovégétatif, mais aussi toutes les autres fibres (sensitives et motrices) du segment médullaire impliqué. Par l’intermédiaire de la paire de nerfs rachidiens qui en émerge, c’est finalement tout un métamère qui sera concerné (dermatome, viscérotome, sclérotome, myotome). Voici ce qu’écrit à ce sujet le; Professeur Irvin Korr dans sa théorie sur la facilitation segmentaire (The facilitated spinal segment):

1. « Normalement, les neurones efférents ne déchargent pas en réponse à chaque influx qui les stimule. Un neurone efférent ne décharge que si son potentiel de membrane a été amené à une valeur sous-liminaire par les autres fibres afférentes qui s’articulent avec lui. En d’autres termes, il doit être facilité avant de décharger. Cette nécessite représente une sorte « d’isolant » pour notre système nerveux. »

  1. « Dans le segment médullaire en lésion, cet « isolant » ne fonctionne plus. Un grand nombre de neurones efférents sont maintenus près de leur décharge -sont facilités- même au repos par un bombardement afférent chronique provenant de structures en relation métamérique avec les neurones: dermatome, viscérotome, sclérotome, myotome
  1. « Les propriocepteurs représentent, sans aucun doute, une source importante de ce type d’afférences, mais n’importe quelle structure métamérique peut en être l’origine. Un viscère pathologique, un point trigger, ou toute autre structure enflammée ou irritée peut constituer une source chronique d’afférences vers la moelle et être responsable d’une facilitation plus ou moins tonique (un point trigger ou « point gâchette » est un point de tension myo-aponévrotique importante. Sa palpation est très utile sur le plan diagnostique et thérapeutique) « 

4 « Tout influx ou contingent d’influx supplémentaire peut amener ces neurones efférents facilités à décharger, que l’origine de ces influx soit le cortex cérébral, les centres de l’équilibre et de la posture, les centres bulbaires, les récepteurs cutanés ou d’autres encore. Si ce bombardement afférent est suffisamment important et persistant, les neurones facilités et les organes qu’ils innervent peuvent être continuellement maintenus en état d’activité excessive.

5 « L’état de facilitation peut s’étendre à tous les neurones qui ont leurs corps cellulaires dans le segment médullaire qui innerve l’articulation en lésion, ce qui inclut les cellules de la corne antérieure, les fibres pré-ganglionnaires du système nerveux sympathique et apparemment les fibres spinothalamiques. « 

  1. « Etant donné qu’un trouble structurel (une lésion ostéopathique) sensibilise un segment médullaire aux influx venant de toutes les sources citées précédemment, le segment médullaire en lésion ne doit pas être considéré comme un centre d’irritation centrifuge, mais plutôt comme une lentille vers laquelle les irritations convergent. Puisque les barrières de « l’isolant » sont affaiblies dans le segment en lésion, toute excitation est canalisée vers les voies nerveuses motrices qui partent de ce segment. Un courant d’air, un léger choc, entraîneront une réponse, préférentiellement au niveau des segments facilités, et donc une douleur, une crampe ou une réaction cutanée dans les tissus innervés par ces segments. »
  1. « Ceci est un truisme en neurophysiologie: lorsqu’une fonction est excitée, une autre, son opposée est simultanément inhibée. Bien qu’au cours de nos études nous ne nous soyons pas penchés sur cet aspect, il n’y a aucun doute que dans le segment médullaire en lésion, la facilitation s’étend aussi aux neurones qui exercent des influences inhibitrices sur d’autres neurones ou d’autres organes. »

« On peut donc conclure qu’une lésion ostéopathique correspond à un segment médullaire facilité, maintenu dans cet état par’ des influx d’origine endogène qui parviennent à la moelle ‘ par la racine dorsale correspondante, les structures qui sont sous le contrôle des fibres efférentes de ce segment sont potentiellement exposées à une excitation ou à une inhibition excessive. » (Korr, 1947, 1976, 1978).

Et le Professeur Irvin Korr rajoute par ailleurs:

« Si l’on admet l’importance des propriocepteurs dans le mécanisme de la lésion ostéopathique, il ne faut pas négliger pour autant le fait que toute structure en rapport métamérique avec le segment médullaire affecté, peut, au même titre, créer ou maintenir un état lésionnel. En fait, toute source d’afférences, qu’elle soit en rapport métamérique ou non, peut exercer une influence à travers le réseau des neurones d’association. « 

 

« A toutes ces sources d’influx, il faut ajouter les sources supra-segmentaires, tous les centres supérieurs, depuis le bulbe rachidien jusqu’au cortex cérébral, qui agissent par l’intermédiaire des voies médullaires descendantes. Parmi ces sources, beaucoup sont des sources d’influx continus et de volume très variable. Elles exercent leur influence (excitatrice ou inhibitrice) sur les neurones efférents à tous les niveaux de la moelle épinière. »

« Il est donc très important de se souvenir que les neurones efférents représentent des voies communes finales, ces · voies étant elles-mêmes le point d’aboutissement d’une foule d’influx de toutes sortes qui s’ajoutent aux influx provenant de l’appareil locomoteur. Par conséquent on ne peut en déduire que les troubles articulaires -ou les lésions, ostéopathiques- ne peuvent pas être considérées comme une cause ultime des maladies; ils représentent plutôt l’un des nombreux facteurs étiologiques qui opèrent simultanément dans l’établissement d’un processus pathologique. « En fait, on se demande s’il y a jamais eu une cause unique pour tout effet, et s’il y a jamais eu un facteur étiologique isolé pour toute entité clinique. Chaque facteur agit dans le contexte de nombreux autres facteurs et provoque certains effets seulement dans une combinaison de certains facteurs. La lésion ostéopathique est l’un des facteurs les plus importants. C’est un facteur sensibilisant, prédisposant, localisant et canalisant. La lésion ostéopathique sensibilise un segment de la moelle, affaiblit ses barrières de protection et facilite.

Elle ne provoque pas nécessairement de symptômes, et même lorsqu’elle est silencieuse sur le plan symptomatique, on peut la découvrir. Ceci n’est pas pour minimiser l’importance de la lésion ostéopathique, bien au contraire, c’est en vue d’en élargir le concept. En premier lieu, cela prouve que le diagnostic et la thérapie ostéopathiques peuvent apporter une contribution à la médecine préventive ».

Ainsi, par exemple, l’augmentation de l’activité d’un récepteur nerveux due à son irritation dans un des éléments du segment articulaire, est transmise jusqu’au segment médullaire correspondant. Si l’irritation initiale persiste, ce segment médullaire sera sollicité en permanence. Les neurones efférents correspondants, seront bombardés même au repos par des influx afférents. Leur seuil de réponse s’abaissant, ces neurones seront donc facilités. La moindre information supplémentaire amènera ces neurones effecteurs à décharger, maintenant les différentes zones du métamère leur correspondant en activité excessive.

L’information circule donc du récepteur au segment médullaire, du segment médullaire au métamère et par là-méme au récepteur initial. Il se crée donc par un système de feed-back, une véritable « boucle de surstimulation. » Ainsi, les douleurs ou les gênes fonctionnelles segmentaires ressenties par le patient, les cordons musculaires indurés ou les réductions de mobilité d’un segment vertébral par rapport aux segments sus et sous-jacents palpés par l’ostéopathe, seraient en quelque sorte la résultante de cette facilitation segmentaire maintenant ces structures dans un état sub-normal d’excitation.

Cette théorie est séduisante et expliquerait en partie les résultats obtenus par les ostéopathes. Elle est le résultat de longues années d’études effectuées sur des bases scientifiques par le Professeur Irvin Korr et son équipe.

Peut-elle nous éclairer sur l’action de la thérapie manuelle?

Voici à nouveau ce que nous dit à ce sujet le Professeur Irvin Korr:

 » Ici nous pouvons seulement essayer de deviner, mais au moins nos estimations sont fondées sur des hypothèses solides et démontrées expérimentalement « 

 

« Les méthodes manipulatives que les ostéopathes appliquent, s’adressent en général à des muscles restés dans un état permanent de contraction, incapables de se détendre spontanément même si l’excitation est supprimée (état de contracture). « 

 

« Une détente de ces muscles entraîne une augmentation passive de la longueur de leurs fibres, ce qui implique une diminution de la tension exercée sur les propriocepteurs des muscles et tendons; la diminution de cette tension réduit le nombre d’influx envoyés à la moelle par les récepteurs et donc le niveau de facilitation du segment médullaire en question. Puisqu’une tension excessive des muscles et des tendons, due par exemple à quelque déplacement osseux, tend par voie réflexe à produire davantage de tension, les manipulations en diminuant la tension globale brisent un cercle vicieux. »

 

« Un autre cercle vicieux peut se produire qui peut être rompu par la thérapie manipulative: nous avions dit que la facilitation d’un segment médullaire englobait la facilitation des voies sympathiques. Cette facilitation des voies sympathiques peut aboutir à un état de sympathicotonie susceptible d’entraîner une pathologie viscérale.

Celle-ci, une fois constituée, va se conduire comme une source supplémentaire de bombardement pour le segment facilité, aggravant la lésion somatique qui, à son tour, va entraîner une irritation plus intense du viscère. La relaxation des muscles par manipulation peut briser ce cercle vicieux en diminuant la fréquence de décharge des propriocepteurs. Même si cette irritation ne peut être supprimée que pour une courte durée, l’action des processus de guérison naturelle s’en trouve tout de même favorisée. »

 

« Grâce à une rééquilibration manipulative du squelette et grâce à un réajustement de la posture, la cause originelle du stress, c’est-à-dire la tension excessive des muscles, tendons et ligaments, peut être éliminée, rendant plus durables les résultats obtenus. »

 

« Ceci est sans aucun doute une version très schématique des conséquences fondamentales d’une manipulation, mais elle peut servir d’hypothèse de base et de guide pour des recherches expérimentales plus approfondies. »

 

Autrement dit, lorsqu’un ostéopathe restaure la mobilité d’un segment articulaire de la colonne vertébrale (la mobilité étant une notion très relative), il aurait une double action locale et à distance. Un tel traitement manuel prodigué au bon moment et à bon escient, pourrait prévenir des détériorations futures et de maux plus importants puisqu’il casserait le cercle vicieux de cette boucle facilitatrice qui maintient les structures locales et à distance dans un état sub-normal d’excitation.

En conclusion, cette théorie neurophysiologique de la facilitation segmentaire, est aujourd’hui admise par toutes les écoles d’ostéopathie structurelle, notamment la BSO. Elle permet en outre de donner une explication scientifique à la notion d’états « sub-normaux » résultant de cette surstimulation permanente pouvant à la longue soit dégénérer et devenir franchement pathologique, soit être normalisés par les mains de l’ostéopathe.

Comment des blocages peuvent-ils être en relation avec des pathologiques? 

Ou, comment un dérèglement articulaire (os et tissus mous) peut-il :

  • Avoir des répercussions locales et à distance,

  • Etre en relation avec des pathologiques, tel que l’asthme ou des pathologies cutané (eczéma, psoriasis)

  • Etre décelé et favorablement corrigé par une manipulation ostéopathique et, par là même corriger l’ensemble des perturbations (symptômes) associées ?

Chaque ostéopathe a une perception très personnelle de sa relation au patient et donc une définition à chaque fois différente de l’Ostéopathie. Qu’importe ces différences, la vie est complexe et la différence enrichissante :

« L’hyperspécialisation de la science rejoint l’incapacité à penser ce qui est global, relié, complexe. La science méconnaît la complexité du réel. » Edgar Morin, directeur de recherche au CNRS

L’ostéopathie s’intéresse aux restrictions de mobilité et à leur correction. Cette approche, codifiée par Still n’est pas si récente :

« Il est nécessaire de posséder une solide connaissance de la colonne vertébrale, car de nombreuses affections sont en effet causées par un état défectueux de cet organe » HIPPOCRATE De Articulis §45.

Les restrictions de mobilité, ou dysfonctions ostéopathiques, sont la conséquence d’un trouble neurologique préparé bien longtemps à l’avance. Le système nerveux, grand messager, réunissant tous les tissus d’un organisme, est de toute évidence l’élément clef permettant d’essayer de comprendre comment tous les symptômes associés à une lésion ostéopathique peuvent interagir et surtout comment une manipulation ostéopathique peut fonctionner ?

Comment un dérèglement articulaire (os et tissus mous) peut-il avoir des répercussions locales et à distance, être en relation avec d’autres facteurs pathologiques, être décelé et favorablement corrigé par une manipulation ostéopathique et, par là même, l’ensemble des perturbations associées ?

Pour un physiologiste, il paraît raisonnable de penser que la résistance au mouvement, qui caractérise la lésion ostéopathique articulaire, est le produit de l’action d’un ou plusieurs des muscles qui mobilisent l’articulation incriminée. Les muscles sont les seuls tissus actifs, producteurs mais aussi amortisseurs du mouvement, ce rôle antagoniste permettant de rendre le mouvement harmonieux ! Ces deux fonctions de création et d’absorption d’énergie sont basées sur le même mécanisme cellulaire, celui de la contraction. Le diagnostic ostéopathique est basé sur la recherche de facilité ou de restriction de mobilité : c’est dans ses fonctions de freinage que le muscle peut devenir l’obstacle majeur et très variable à la mobilité dans les articulations.

Dans les techniques structurelles, la mobilité et l’amplitude sont des critères importants. Dans les techniques fonctionnelles, l’accent est mis sur la facilité du mouvement, et la résistance au mouvement dans le métamère en lésion semble varier d’une manière exponentielle, cette résistance dans un métamère normal variant de façon linéaire. La restriction rencontrée dans les articulations en lésion est l’opposition active ou la protestation physiologique du muscle contre un mouvement de direction particulière, et la facilité ou aisance représente une coopération et une soumission musculaire dans la direction opposée. Cette résistance musculaire n’est pas due à un phénomène d’inextensibilité ou de perturbation viscoélastique comme pour les ligaments, mais à des modifications dans le degré d’activation désactivation du mécanisme contractile, c’est à dire dans le degré de contraction du muscle.

Les techniques fonctionnelles vont dans le sens du mouvement facile, rapprochant les insertions musculaires, réduisant tension et longueur du muscle. La disparité entre les fibres intra et extra fusales diminue ; le mouvement se fait lentement à l’inverse de l’accident déclenchant, le SNC a le temps d’adapter le niveau d’activité gamma en diminuant la fréquence de décharge et le muscle peut retrouver sa position neutre. La compression des articulations est soulagée par les mêmes méthodes

Les thérapeutiques devront prendre en compte l’ensemble des perturbations du schéma corporel, les troubles émotionnels et viscéraux associés, la sensibilité propre à chacun, l’usage qu’il en fait, la reprogrammation neuro-motrice ou éducation proprioceptive si nécessaire, la correction d’une alimentation défectueuse, le rééquilibrage dentaire, les semelles…

Revenons au SNC : en fait la moelle épinière ne lit pas les signaux individuellement, mais semble plutôt avoir affaire à des complexes de signaux qui lui sont présentés collectivement et provenant de milliers de postes d’information. La moelle semble facilitée quand les informations sont contradictoires, les signaux sont inintelligibles (sorte de mal de mer) : les fuseaux à sensibilité élevée informent faussement que le muscle est étiré presque au maximum, alors qu’il est en fait raccourci. Le segment médullaire est consterné et devient perturbant pour toute activité physiologique à laquelle il participe. Une manipulation consiste à rétablir une fonction sensitive adéquate permettant au segment de fonctionner harmonieusement. L’hyper activité sympathique induit une augmentation de la décharge afférente du fuseau, facilitant l’auto entretien du cercle vicieux de la dysfonction ostéopathique.

La vie n’est pas composée de fonctions viscérales, on ne péristalte pas, on ne vasodilate pas… toute activité met en mouvement tout ou une partie du corps, et le substratum , indispensable à toutes ces activités, est la contraction des muscles du squelette. La vie s’exprime à travers les processus contractiles du muscle strié, myriades de mouvements minutieusement contrôlés. Conclusion implicite dans la perspective ostéopathique globaliste, le système musculo-squelettique est la machinerie primaire de la vie. Cette machinerie biologique primaire est dirigée par le système nerveux central qui agit, lui, en réponse à des informations sensitives continues : fonction d’hétérokinésie. Les viscères se préoccupent des soins et du maintien de ce système neuro-musculo-squelettique, assurant l’alimentation, l’élimination, la défense, la réparation : fonction d’homéostasie. Le médiateur indispensable aux ajustements permanents du viscéral au somatique est le système nerveux sympathique, sous dépendance du SNC (hypothalamus surtout), des informations sensitives et des modifications chimiques du sang.

La santé nécessite qu’il y ait une harmonie continue entre d’une part les fonctions viscérales et d’autre part les demandes du soma et de l’environnement. La santé nécessite un fonctionnement harmonieux de notre machinerie somatique (neuro-musculo-squelettique), celle-ci étant la source de la majorité des informations sensitives qui parviennent à la moelle épinière.

En conséquence, la mauvaise santé et la maladie peuvent être attribuées à une rupture de communication entre les deux composants principaux du corps, le soma et le viscéral. Les troubles consécutifs à cette rupture peuvent se produire de plusieurs manières : – lorsque la demande du système musculo-squelettique est excessive ou inappropriée. – lorsque le SNC reçoit des informations tellement insensées qu’il ne peut y répondre d’une manière adaptée – lorsque les viscères fournissent des réponses inappropriées, inadéquates ou confuses aux demandes somatiques.

Les tensions, les déséquilibres, qui règnent dans un tissu en lésion, que ce soit un os, une articulation, un ligament ou un muscle sont continuellement rapportés à la moelle brouillant ainsi la transmission des schémas sensitifs normaux. Ce parasitage associé à celui dû à l’irritation nerveuse fait ressortir, remarquer un ou plusieurs segments individuels ainsi que les tissus ou organes du même métamère. Ainsi, la fonction organisée verticalement dans la moelle devient manifestement horizontale au niveau affecté (niveau facilité) et le trouble clinique doit alors être vu sous un angle segmentaire.

Les tissus offensants ou offensés présentent des modifications détectables à la surface du corps : tension musculaire, texture tissulaire, fonction viscérale et circulatoire, fonction sécrétoire… tous ces éléments faisant partie intégrante du diagnostic ostéopathique.

L’ostéopathe recherche les signes locaux, restrictions de mobilité, tensions musculaires, modifications tissulaires et vasculaires, troubles viscéraux associés et utilise l’appareil locomoteur pour rompre un cercle vicieux dont l’élément essentiel est médullaire. La facilitation médullaire permet de comprendre, par la sommation nécessaire de stimuli multiples, qu’un « blocage » ne s’installe pas par hasard : la région se préparait depuis longtemps à réagir de façon brutale et excessive à un facteur déclenchant somme toute plutôt anodin. (la petite marche, la petite glissade…) tout phénomène est interdépendant de ce qui le précède.