Qu’est-ce que l’ostéopathie? Quelle définition peut-on en donner?

Définition habituelle

L’ostéopathie est une méthode de soins exclusivement manuels, dont le but est de redonner la mobilité aux différentes structures composant un organisme vivant, pour lui permettre de rétablir l’équilibre de ses fonctions.

Pour  Thomas G. DUMMER, membre fondateur de l’école française d’ostéopathie en 1951

L’ostéopathie est une thérapeutique applicable à une large variété d’affections basée sur deux principes fondamentaux établis par A.T. STILL : 

  • De la structure dépend la fonction d’où la nécessité d’une structure normale pour une fonction normale.
  • Le corps humain renferme (ou est capable de fabriquer) les substances et les mécanismes nécessaires à la fois à son autodéfense et à l’entretien de sa santé ».

« Le champ de l’ostéopathie est immense et ses méthodes lui permettent d’agir sur n’importe quel organe ».

Autres définitions

Concept ostéopathique et champs d’application de l’ostéopathie: Les pathologies…

L’ostéopathie fonde sa prétention d’être placée au rang de science thérapeutique (médecine) sur le fait qu’il existe une relation (finie et définie) entre un organe déterminé et le système nerveux central. Ce rapport est assuré à travers les segmentations des nerfs spinaux ou à travers le système nerveux neuro-végétatif par le moyen de diverses ramifications.

Les médecins (ostéothérapeutes) évincent qu’un dérèglement de la mécanique vertébrale puisse influencer, par l’intermédiaire de circuits neuro-vasculaires, le fonctionnement d’un organeLes médecins ayant étudié l’ostéopathie traditionnelle raisonnent à l’inverse et réfutent cette prise de position volontairement réductrice et, de toute façon, archaïque.

Rapports neuro-végétatifs (Sympathique, parasympathique)

Une musculature puissante retient, contient et réunit les vertèbres entre elles, les unes au-dessus des autres pour former l’axe longitudinal vertébral, rigide et souple à la fois, capable de soutenir le tronc et d’assurer la station debout et son équilibre. Les muscles obéissent à un mode de contrôle automatique. Il est alors facile d’imaginer que chaque petite vertèbre tient en place grâce aux insertions de muscles agonistes et antagonistes qui permettent les mouvements de flexion et d’extension. Par ailleurs, ces vertèbres sont reliées par des muscles longs dont les insertions peuvent aller s’agripper à des structures parfois en dehors de leur voisinage.

On ne s’étonnera donc pas que tel blocage vertébral localisé retentisse sur des zones vertébrales lointaines et donne lieu à une symptomatologie trompeuse, douloureuse à distance, dont l’origine peut rester longtemps méconnue.

Toute médecine manuelle se doit d’analyser :

Pourquoi la répercussion sur le système nerveux végétatif et en particulier sur les filets nerveux qui gèrent les fonctions des organes permet de comprendre l’apparition de certains troubles viscéraux, souvent insoupçonnés, dont l’origine mécanique longtemps réfutée ne fait plus de doute.

Comment on a, en effet, refusé à un dérèglement de type subluxation ou de grippage vertébral la possibilité de provoquer une douleur névralgique associée à une atteinte par perte ou insuffisance de commandes nerveuses et vasculaires au niveau d’un organe ou d’un tissu.

Le concept ostéopathique a, depuis Still, bien évidemment évolué. Il reste toutefois tributaire – malgré les convictions et convenances personnelles de ses disciples même très éloignés – de la certitude de leur maître à considérer l’être humain comme chef-d’œuvre de la nature.

Les aphorismes de Still sont nombreux.

Citons entre autres:

« Le corps humain ne fonctionne pas en unités séparées, mais comme un tout harmonieux »

« La maladie a pour cause des anomalies anatomiques qui entraînent un dérèglement d’ordre physiologique »

« Il n’appartient pas au praticien de guérir le malade. Son rôle est d’ajuster une partie ou l’ensemble du système de sorte que les courants vitaux puissent s’y répandre et irriguer les parties affectées »

L’état de santé est donc conditionné par une libre circulation des fluides du corps. Toute entrave sera à l’origine de stases entraînant des contractures, des états congestifs, inflammatoires et même infectieux. L’accumulation des déchets entraînera une modification du terrain et favorisera l’évolution des germes, comme l’a souligné Claude BERNARD : « le microbe n’est rien, le terrain est tout ».

Gérard SUEUR nous indique clairement :

« L’ostéopathie est la thérapie qui consiste à trouver les éléments anatomiques qui ne sont plus libres dans leurs mouvements propres (ou dans les mouvements liés à une dynamique générale) puis à les traiter afin qu’ils recouvrent leurs libres mobilités physiologiques. »

Ce manque de mouvement s’exprime, dans le vocabulaire d’A.T. STILL, par une différence de température et de texture des tissus et par une statique de positionnement perturbée.

Hormis certains accidents entraînant de vrais déplacements osseux nécessitant des réductions par des médecins spécialistes, il est fréquent de rencontrer, suite à des traumatismes, à des troubles de la statique vertébrale, à des déséquilibres du bassin, etc… des tensions anormales qui s’installent dans le système fascio-musculo-aponévrotique. Par voie de conséquence, le système ostéo-articulaire sera gêné dans sa fonction essentielle : le mouvement. Telle ou telle articulation deviendra hypo mobile, elle ne présentera ni déplacement ni blocage total, elle présentera une restriction de mobilitéN’importe quelle articulation du corps humain (colonne vertébrale, bassin, membres, crâne) peut être affectée par ces défauts de mobilité reflétant les tensions anormales qui s’exercent sur elle et que les ostéopathes appellent : dysfonction somatique. On comprend facilement l’importance de cette dysfonction somatique quand on sait que les tissus de soutien jouent un rôle important dans la circulation des fluides du corps (sang, lymphe, liquide céphalo-rachidien) et sont des lieux d’échange permettant aux cellules de recevoir les substances dont elles ont besoin pour vivre, et de drainer les déchets qui les encombrent.

Les Facultés de médecine reconnaissent que chaque fois que les articulations ou les parois du corps sont soumises à une agression mécanique directe, telle qu’un coup, une chute, une entorse, etc., une inflammation plus ou moins importante se développe dans les tissus affectés. Le degré de l’inflammation dépend d’une part de la nature et de la sévérité du traumatisme et d’autre part de l’état antérieur du tissu affecté. On verra donc une congestion, tuméfaction et diffusion des fluides sanguins et des cellules d’importance variable. Une simple entorse de la cheville est un exemple typique de ces divers processus. La nature et l’origine de cette réponse inflammatoire est simple, puisque des forces physiques connues en sont la cause.

Avec le temps, pourront se greffer sur ce tableau simple d’inflammation aiguë, des processus chroniques, d’ordre infectieux, scléreux ou autres qui compliqueront la clinique. Elles ont d’ailleurs leurs propres solutions thérapeutiques.

Entente parfaite entre médecine et ostéopathie:

L’idéal serait, suivant la gravité des lésions, de travailler de concert. Cela se fait, par contre, à l’échelon particulier et les exemples ne manquent heureusement pas d’entente parfaite entre médecine et ostéopathie.

Harrison H. Fryette estime qu’en ostéopathie,

« les notions de physio dynamique sont, en fait, les instruments privilégiés de toute recherche étiologique chez un malade. En effet, l’originalité du concept ostéopathique réside dans la compréhension et l’évaluation du rôle essentiel joué par certaines modifications somatiques caractéristiques, connues sous le nom de « dysfonction somatique » dans le processus de la maladie, tant dans sa phase étiologique que dans sa période d’état; le diagnostic et la thérapie ostéopathiques découlent naturellement de cette compréhension. En revanche, la médecine physique ne représente qu’un amalgame de techniques, baigné dans des concepts conventionnels. On ne retrouve pas dans la médecine physique cette unité de concept. »

La profession ostéopathique reste très reconnaissante au Docteur Louisa BURNS pour les longues recherches qu’elle fit sur les modifications tissulaires et circulatoires survenues après traumatisme artificiel des articulations rachidiennes ou autres.

Elle put démontrer qu’à la suite de ces traumatismes de l’appareil locomoteur, il se produisait certains changements inflammatoires simples dont l’amplitude était généralement directement proportionnelle à la sévérité du traumatisme. Les conclusions tirées de ces recherches faites sur l’animal sont généralement considérées par la profession ostéopathique comme étant applicables à l’homme.

En général, ce traumatisme d’une partie de l’appareil musculo-squelettique retentit sur une articulation, soit directement, si le point d’impact coïncide avec l’articulation elle-même, soit par l’intermédiaire d’un ou de plusieurs des os qui forment cette articulation. Par conséquent, les muscles, les tendons, les ligaments et la capsule articulaire sont généralement affectés et sont le siège d’une réponse inflammatoire.

Lorsqu’une contrainte est appliquée sur une articulation et ce dans une direction qui ne coïncide pas avec la direction de l’axe normal de cette articulation (par exemple une contrainte latérale contre l’articulation du genou), les muscles et les ligaments de soutien subissent un traumatisme asymétrique.

Dans les cas extrêmes, les muscles et les ligaments qui subissent l’impact maximal peuvent se déchirer, entraînant ainsi une dislocation. Dans les cas moins sévères, où il n’y a pas déchirement des tissus de soutien, certaines structures seront tout de même plus affectées que d’autres sur un côté ou sur une partie de l’articulation.

Il y aura, par conséquent, davantage de tension, de contraction et d’inflammation dans certains muscles et ligaments.

Par conséquent encore, l’articulation au repos se trouvera donc maintenue dans une position anormale et forcée, souvent à l’extrême d’une de ses amplitudes physiologiques. Cette fixation à la limite ou proche de la limite d’une des amplitudes, et ce, au repos, constitue évidemment une position anormale pour l’articulation, position qui implique que les membres qui la composent, prennent des rapports positionnels ou dynamiques anormaux.

La réaction inflammatoire des tissus de soutien de l’articulation, les tensions, les contractions asymétriques des muscles, de la capsule articulaire et des ligaments, les rapports positionnels anormaux en statique et enfin, les restrictions de mobilité, représentent les modifications qui caractérisent toutes les pathologies ostéopathiques de l’appareil locomoteur. Des contraintes anormales s’exerceront sur les tissus de soutien tandis que les charges seront irrégulièrement réparties sur les surfaces portantes.

Le terme de « lésion ostéopathique », que nous pouvons maintenant employer, est utilisé dans le contexte de ce type de pathologie et se rapporte toujours, dans le contexte, à un problème articulaire soit des membres, soit du rachis.

La lésion ostéopathique et sa pathologie ont été décrites ici en tant que phénomènes post-traumatiques suivis d’une réaction inflammatoire; mais il existe des états pathologiques, qui donnent une image clinique semblable à celle décrite ci-dessus pour la lésion ostéopathique, et qui sont consécutifs à une contraction ou un spasme musculaire, d’ordre réflexe ou fonctionnel.

Ces états représentent des manifestations réflexes de maladies viscérales fonctionnelles ou organiques, ou bien des somatisations de problèmes d’ordre psychique.

Ils peuvent survenir dans n’importe quel muscle de l’ensemble thoraco-abdominal (rigidité du quart inférieur droit dans l’appendicite, du quart supérieur droit dans la cholécystite, tension épigastrique dans l’ulcère…) ;

Mais les tensions réflexes les plus courantes sont celles que l’on trouve dans les muscles para vertébraux, et on les rencontrera généralement aux étages rachidiens situés en relation segmentaire avec le viscère malade.

Ces tensions réflexes sont rarement symétriques et elles entraînent donc une traction sur un des côtés de l’articulation vertébrale. La mobilité en est alors affectée, aboutissant à des perturbations positionnelles similaires à celles décrites ci-dessus pour les lésions post-traumatiques.

L’articulation affectée aura une amplitude de mouvement restreinte et deviendra irritable lors d’un traumatisme, même le plus léger.

Ces pathologies musculo-squelettiques, bien qu’elles soient généralement négligées par les autres écoles de médecine, ont une grande importance pour l’ostéopathe.

Elles sont tout d’abord des affections des tissus articulaires et ne peuvent être détectées que par des praticiens ayant reçu une formation d’ostéopathe. Une congestion et une tension ne peuvent être déterminées que par la palpation, elles ne se voient pas à la radiographie.

De même, les restrictions de mobilité sont surtout déterminées par l’évaluation palpatoire de la mobilité articulaire.

Les perturbations positionnelles sont mineures et ne sont, pour la plupart, pas démontrables à la radiographie, cette dernière forme de diagnostic se permettant surtout d’évaluer la structure osseuse, de détecter des hypertrophies ou des dystrophies, ou encore des phénomènes dégénératifs ou néoplasiques.

En physiologie, il est reconnu depuis longtemps que chaque phase du processus de la vie n’agit que dans le contexte de l’organisme tout entier.

L’unité de fonction est totale

La stimulation ou la suppression artificielle d’une seule fonction modifie, dans une certaine mesure, toute la physiologie de manière temporaire ou permanente.

Les cliniciens commencent à accepter le fait que les réponses du corps aux agents nociceptifs sont complexes et affectent de nombreuses phases de l’activité du corps.

Le corps réagit comme une unité aux traumatismes, aux processus infectieux, aux chocs psychiques, aux problèmes de nutrition, aux toxines chimiques et aux agents physiques nociceptifs.

Les réactions du corps à ces différents facteurs étiologiques se ressemblent : modifications circulatoires locales ou générales, activation du système corticosurrénal et d’autres tissus endocriniens, activation du système nerveux végétatif et du système de thermorégulation, etc. Celles-ci ne sont que des réactions intrinsèques envers différentes sortes de stress, et Selye les ont incluses dans ce qu’il a appelé le « syndrome d’adaptation générale ».

Grâce à ses travaux, on sait maintenant que les réactions du corps à des stress de nature très différente sont fondamentalement similaires.

En outre, pour Selye, chaque organe et chaque fonction vitale du corps participe à ces deux conditions fondamentales de la vie que sont l’adaptation et la résistance.

L’originalité de l’école ostéopathique réside dans l’incorporation dans ce concept du rôle fondamental joué par les tissus musculo-squelettiques (articulations, muscles, tendons, ligaments, cartilages et capsules articulaires) et le système nerveux dans les processus pathologiques.

L’ostéopathie reconnaît la constance avec laquelle les tissus musculo-squelettiques sont agressés, directement ou par voie réflexe, toutes les fois que l’organisme subit un stress ou un choc. Le terme de « composantes somatiques de la maladie » a été utilisé pour exprimer cette constance d’affection des tissus musculo-squelettiques.

Ces composantes somatiques de la maladie peuvent être d’ordre post-traumatique et constituer le facteur pathologique principal chez le sujet atteint. D’un autre côté, ils peuvent être la conséquence de troubles émotifs ou viscéraux.

Le retentissement médullaire des pathologies de l’appareil viscéral ou locomoteur est une hyper-irritabilité des étages médullaires en rapport métamérique avec les tissus affectés ou, en d’autres termes, leur maintien dans un état sous-liminaire prêt à décharger sous la moindre influence.

Ces modifications et ce bouleversement neurophysiologiques constituent la pierre angulaire de l’ostéopathie.

Ils sont responsables de bien des variations dans l’homéostasie, le rythme viscéral, la résistance et l’adaptabilité générales, et peuvent éventuellement influencer n’importe quelle fonction viscérale. Ce déséquilibre neurophysiologique, en plus des conséquences orthopédiques directes de la lésion ostéopathique, est capable de conditionner ou de modifier les capacités de réponse du corps aux agressions de n’importe quel type.

L’expérience ostéopathique a montré que l’application experte et spécifique de forces destinées à normaliser les rapports structurels et fonctionnels, relâche les tensions dans les muscles, les ligaments et les capsules articulaires, toute structure ayant un rôle important dans le maintien de la pathologie de la lésion. Le relâchement de ces tensions persistantes peut parfois être obtenu rapidement ou en peu de traitements. Dans d’autres cas (de nouveau en fonction de la durée de la pathologie, du tonus musculaire de l’individu, des maladies précédentes etc…), plusieurs traitements seront nécessaires avant que la fonction et le tonus de la région affectée soient normalisés. Un traitement efficace élimine toute gêne musculaire ou articulaire, locale ou générale. 

En même temps, le « stimulus » sensitif émis par les tissus affectés est réduit en volume et en fréquence, ce qui diminue l’irritabilité du centre médullaire en relation métamérique. Au fur et à mesure du rétablissement d’une activité réflexe plus normale, les effets éloignés ou rapprochés de la lésion régressent.

Bien que l’ostéopathie ne prétende pas que la lésion ostéopathique soit le facteur étiologique principal dans toutes ces pathologies, il faut cependant la considérer comme un facteur de terrain ou, en d’autres termes, un facteur sensibilisant et prédisposant, d’une importance clinique fondamentale.

A ce sujet, Alan STODDARD rappelle :

« Qu’une lésion ostéopathique vertébrale est une condition dans laquelle la mobilité d’une articulation vertébrale se trouve altérée, avec ou sans modification des positions réciproques des vertèbres adjacentes. Quand il y a modification de ces positions, c’est toujours à l’intérieur des champs du mouvement normal de ces articulations. »

Sans doute, celui qui travaille « à l’extérieur » de ces champs est-il un chirurgien, un médecin vertébrothérapeute ou ostéothérapeute mais certes pas un ostéopathe !

En digne représentant de l’ostéopathie de STILL, J.C. ALLIRAND approuve bien évidemment et incite à juste titre ses lecteurs, sinon à chercher la définition la plus appropriée du vocable manipulation, du moins à établir un distinguo entre les divers courants qui en préconisent l’utilisation.

La manipulation articulaire, dans le domaine médical est l’art de donner à une articulation un positionnement nouveau dans l’espace. Ce terme de manipulation est donc improprement utilisé puisqu’il peut aussi bien signifier que l’on fait jouer l’amplitude articulaire normale ou que l’on force une articulation au-delà de ses limites.

Le terme ajustement est plus précis et montre que l’acte doit être spécifiquement adapté à l’articulation en cause. Mais seuls les Anglo-Saxons l’utilisent, ce qui semble démontrer dès le départ que la méthode comme le mot n’aient pas été compris chez nous et soient la cause de luttes âpres et sectaires.

John Guymer BURTON, élève de LITTLEJOHN, ancien Président de l’Association des Ostéopathes Britanniques, recommandait à ses élèves:

  • de n’accepter « la théorie des germes » dans la causalité de la maladie que jusqu’à un certain point, car les micro-organismes ne peuvent produire une maladie que si les forces naturelles de résistance et d’immunité, ainsi que les facultés d’élimination des points métaboliques, ont été diminuées ou supprimées.

  • de démontrer que les lésions structurales et les erreurs diététiques prédisposaient aux infections microbiennes.

Des expériences récentes en immunologie ont confirmé la justesse des théories d’A.T. Still concernant l’immunité naturelle que possède tout être humain à condition que sa circulation sanguine ne soit pas entravée. C’est le meilleur rempart contre les infections.

Ces études ont montré qu’on trouve dans le sang des bactéricides qui détruisent les germes, des bactériolysines qui les dissolvent, des agglutinines qui retardent leurs mouvements, des antitoxines qui neutralisent leurs poisons, des opsonines qui les rendent plus faciles à « digérer » par les globules blancs chargés de leur destruction.

« Il est possible que les germes déterminent la nature de la maladie; mais préalablement à toute infection, il doit exister, et il existe en fait, un agent ou une cause première qui, par son ingérence nuisible dans l’innervation et la vascularisation normales, a diminué la vitalité ou la résistance de la région affectée, la prédisposant ainsi à l’invasion microbienne »

(P.H… Woodall, « Osteopathy »).

Si la machine humaine est parfaitement ajustée et convenablement nourrie, elle restera relativement exempte de maladie, elle durera plus longtemps et fonctionnera plus efficacement.

Les ostéopathes furent les premiers praticiens à reconnaître la fréquence des inégalités des membres inférieurs et les répercussions que cela entraînait dans la statique vertébrale en premier lieu, puis au niveau des organes et des viscères par fascias interposés.

C’est ainsi que certains troubles fonctionnels des systèmes cardio-respiratoire, digestif, génito–urinaire (palpitations, extrasystoles, troubles tensionnels nerveux, aérophagie, gastrites, etc…) peuvent trouver soulagement grâce aux soins ostéopathiques.

Qui était Andrew Taylor STILL? (1828-1917)

Andrew Taylor STILL est le père fondateur de l’ostéopathie. Il l’a perfectionné, en a établi les règles et les méthodes, en a fait une philosophie, un art de vivre, un art de guérir, mais aussi un acte de respect et d’amour de son prochain.

Il se mit sans relâche à élaborer les grandes lignes de la science qu’il appela « Ostéopathie » en réaction à la médecine et la chirurgie de l’époque qui ne lui convenaient guère. D’autant qu’un événement dramatique, sous la forme d’une épidémie de méningite, emporta en quelques jours trois de ses enfants et certains de ses patients.

Les derniers remparts d’une confiance déjà chancelante dans la médecine de l’époque s’effondrèrent. Mais au lieu de s’en détourner, il se lança alors plus à fond dans l’étude anatomique et physiologique du corps humain, non dans les livres, mais comme il aimait à le répéter, dans le Grand Livre de la Nature. Avec les squelettes de tous les Indiens du coin, la matière première ne manquait pas. Il acquit un sens tactile extraordinaire, percevant la moindre anomalie, la plus petite différence. Il s’entraîna inlassablement à palper aussi les tissus mous vivants, à analyser leur forme, leur situation, leur direction, leur qualité, leur densité. Sa pratique chirurgicale l’aidait efficacement dans son raisonnement. De la recherche à la thérapie, le pas fut vite franchi et les succès ne se firent pas attendre. Ses enfants lui servirent alors d’assistants. Il put ouvrir en 1892, dans l’Etat du Missouri, l’Ecole Américaine d’Ostéopathie de laquelle les meilleurs sortaient, au terme de longues études, diplômés « Docteur en ostéopathie ».

Avec les Facultés de médecine, ce n’était plus la désunion, ce fut le divorce.

Irvin M. Korr rappelle que l’ostéopathie, fondée par A.T.STILL était une méthode de médecine générale, concurrente directe de l’allopathie. La littérature ostéopathique fourmille de textes sur le traitement des pneumonies lobaires aigus, de l’ulcère gastrique, etc. L’allopathie n’avait alors rien, ou peu de choses, à proposer, nos maîtres beaucoup, mais quels talents ils avaient !

A ceux qui prétendent que la manipulation du squelette n’a aucun retentissement sur les fonctions organiques, nous répondrons qu’ils n’ont tout simplement pas fait l’apprentissage minutieux, pénible parfois, de l’art de ré harmoniser les rapports des structures du corps.

Mais l’opiniâtreté de Still fait des émules et lui fait gagner des points ; la médecine officielle est bien près d’admettre certaines de ses théories.

« La médecine officielle est sur le bord d’ouvrir un nouveau territoire. Pourtant la thérapie mise au point par Chapman (points réflexes neuroendocriniens) reste ignorée du monde officiel. Les fruits ne passent pas la promesse des fleurs. Après avoir ouvert un œil, la médecine officielle le referme, sans doute parce que, dans la science médicale de la fin du XIXe et du début du XXe, la fascination pour les bacilles, germes, virus et autres microbes, occulte le reste ; la médecine manuelle rate alors son entrée officielle ».

STILL n’eut guère le temps de polémiquer, trop occupé par ses patients, ses recherches, son Enseignement et l’Ecole qu’il venait d’ouvrir dont les objectifs étaient : établir un Collège d’Ostéopathie, améliorer notre système de soins et de traitements par un niveau d’études plus rationnel et plus scientifique et enfin informer la profession médicale.

Aphorismes de Still 

« Le corps humain ne fonctionne pas en unités séparées, mais comme un tout harmonieux »

« La maladie a pour cause des anomalies anatomiques qui entraînent un dérèglement d’ordre physiologique »

« Il n’appartient pas au praticien de guérir le malade. Son rôle est d’ajuster une partie ou l’ensemble du système de sorte que les courants vitaux puissent s’y répandre et irriguer les parties affectées »

L’ostéopathie en france

En 1915 John Martin LITTLEJOHN, ancien élève de STILL, assesseur du doyen de l’Ecole d’Ostéopathie de Kirksville (USA) et fondateur de l’Ecole de Chicago, rentre à Londres pour fonder la British School of Osteopathy.

En 1920, en France, le docteur LAVEZZARI, de retour des Etats-Unis, pratique l’ostéopathie avec succès. Cependant ses efforts pour l’imposer dans notre pays restent vains.

En 1950, Paul GENY fonde l’Ecole Française d’Ostéopathie. Impressionné par le succès de cette école auprès des kinésithérapeutes, le Conseil National de l’Ordre des Médecins fait pression auprès des pouvoirs publics, qui ordonnent la fermeture de l’école.

L’Ecole Française d’Ostéopathie s’installe à Londres, puis à Maidstone, où elle fusionne avec l’Institut Ostéopathique de Techniques Appliquées, dirigé par John WERNHAM, ancien élève de Littleton, pour devenir l‘Ecole Européenne d’Ostéopathie qui délivre un Diplôme Officiel d’Ostéopathie.

Dans les années 70, quelques écoles françaises, exigeant à l’entrée la possession d’un DEMK, ont formé la plupart des professionnels exerçant actuellement en France, et ont tenté de se regrouper au sein d’une Collégiale Académique.

En 1982, le Professeur Pierre CORNILLOT, en tant que Directeur de I’U.F.R. Santé, Médecine et Biologie humaine, introduit l’ostéopathie à l’Université de médecine de Bobigny et charge des ostéopathes non médecins, tous diplômés de l’Ecole Européenne d’Ostéopathie de Maidstone (GB) d’enseigner leur art et pratique à des médecins, dans le cadre d’un programme consacré aux médecines naturelles et sanctionné par un diplôme d’Etat.